“Le regard a changé depuis la possibilité de customiser” - Rencontre avec Samou


 

U-EXIST : Bonjour Samou, peux-tu te présenter en quelques mots ? 


Samou : Je m’appelle Samou, j’ai 30 ans, j’habite en région parisienne avec ma femme et notre enfant et je travaille dans une ludothèque. Je suis devenu handicapé à l’âge de 21 ans en 2013, un accident de la vie. Je suis appareillé depuis ce jour-là. Je suis amputé bi-latéral des membres inférieurs. 



“Je n’ai pas de jambe, donc je ne vais pas faire semblant d’en avoir une.”



UE : Comment as-tu découvert U-Exist ?


S : J’ai découvert U-Exist grâce à mon prothésiste. Au départ il me proposait des esthétiques en mousse qui sont censées ressembler à de vraies jambes. J’ai toujours détesté ça car j’estime que je n’ai pas de jambe donc je ne vais pas faire semblant d’en avoir une. J’aime beaucoup l’originalité et ce qui est un peu plus flashy, donc il a commencé à me parler de U-Exist. Depuis je prend tout chez vous ! Comme j’ai deux prothèses, j’ai deux fois plus de choix. Parfois je les différencie, parfois non. 


UE : Tu as toujours bien supporté tes prothèses ?


S : Au début c’était très pénible car la matière était assez rugueuse et ça abimaît mes pantalons, mais la fabrication s’est améliorée, donc maintenant je les supporte bien. J’ai de la chance car je n’ai pas de douleur du membre fantôme, j’ai toujours pu porter mes prothèses régulièrement du matin au soir. 


UE : Considères-tu ta prothèse comme un moyen d’expression ?


S : Oui, je n’avais jamais compris cela avant pour les gens qui se tatouent par exemple. Je ne comprenais pas le besoin de montrer quelque-chose sur son corps. Maintenant je sais que ça me permet d’assumer ma différence et de la revendiquer fièrement par la prothèse. Je ne les cache pas, je porte souvent des shorts, on les voit. 

 

photo de samou, patient

 

UE : Quel retour en as-tu ?


S : Je travaille avec des enfants et pour eux c’est moins intimidant d’avoir de jolies prothèses dessinées que lisses. Je dirais que leur première réaction est la curiosité, ils ont envie de voir et de toucher mais ils hésitent à le faire. C’est très intriguant pour eux et ça ne passe pas avec le temps. Certains me voient tous les jours et me redemandent 6 mois ou 1 an après si j’ai toujours mes prothèses. Je dois leur expliquer que oui, les jambes ça ne repousse pas, et ça les épate encore. Ils se demandent comment ça fonctionne,  ils ont des questions sur ma vie quotidienne, veulent savoir comment je fais pour me doucher etc… 


“Le regard a changé depuis la possibilité de customiser”


UE : Et le regard des gens en général ?


S : Au début c’est très déstabilisant car ça attise la curiosité, il y a beaucoup de regards. Les gens posent des questions mais sont relativement cool par rapport à ça. 

Le regard a changé depuis la possibilité de customiser. On porte la prothèse différemment, on en devient acteur. Je le constate aussi vis-à-vis de mes proches, je suis toujours très fier de leur montrer le design que j’ai choisi. Pour autant, je suis un homme et je n’ai aucune idée de comment tout cela est vécu par les femmes en général. J’ai une amie pour qui cela a été très compliqué de mettre des robes et jupes, aujourd’hui elle a enfin passé ce cap.


“Avoir une nouvelle prothèse, c’est comme si j’avais une nouvelle fringue.”



UE : Comment réagissent tes proches quand tu leur montres tes nouvelles prothèses? 


S : Déjà ils ne comprennent jamais pourquoi j’ai une nouvelle prothèse. Parfois je change la prothèse, parfois l’emboîture… celle de gauche je la change moins souvent que celle de droite etc, donc à chaque fois ils sont perdus et me demandent pourquoi tous ces changements réguliers. Mais globalement c’est toujours bien reçu, ils me donnent leurs avis. En fait c’est comme si j’avais une nouvelle fringue. Ce qui est trop bien avec U-exist c’est qu’on a le choix, il y a aussi beaucoup de motifs pour enfants, je trouve ça super. Je vais sur votre site à chaque fois que j’ai besoin de les refaire. 

 

UE : Tu fais du sport?


S : Oui, je pense que le sport est important quand on devient handi. J’en faisais avant mais beaucoup moins, c’était plutôt en dilettante. J’ai commencé par faire du basket-fauteuil, puis je me suis lancé dans le volley assis en 2019. Ça se passe super bien, je suis en Équipe de France, on espère faire les jeux paralympiques de 2024. 


UE  : Qu’est-ce que ça a changé dans ta vie de découvrir ce sport ?


S : Ce sport a littéralement changé ma vie. Déjà c’est le seul sport que je fais sans matériel car j’ai toujours voulu faire un sport sans prothèse. J’adore en porter mais c’est plus vis-à-vis de mon rapport au corps, je voulais savoir ce que je pouvais faire sans aide extérieure. 

Au début c’est beaucoup de bouleversements et ça prend du temps de s’adapter, l’organisation n’est pas la même. On est assis par terre et on se déplace par la force des bras. Ça me plait beaucoup, l’objectif des jeux paralympiques est super et j’ai rencontré plein de personnes incroyables. Je n’en doutais pas mais c’est encore mieux que ce que je pouvais imaginer. 


UE : Tu penses quoi du Handisport aujourd’hui ?


S : Franchement c’est de mieux en mieux. En 2020 on pouvait suivre presque tous les handisports sur le site internet de France TV, ce qui n’était pas possible avant. Il y a du mieux, certains sports sont de plus en plus reconnus, après c’est comme tout il faut continuer de se battre. 


Avec l’asso dont je fais partie, on a ouvert une section de basket-fauteuil dans la ville où je suis à Fontenay-sous-Bois. 


UE : Peux-tu nous en dire plus sur ton association ?


S : L’association s’appelle le Collectif Solidaire, elle a vu le jour lorsque je suis devenu handicapé. C’est une amie avec d’autres de mes proches qui l’ont créée pour me soutenir ma famille et moi, mais aussi pour sensibiliser au handicap. À l’époque on ne connaissait rien à ce milieu, donc on s’est dit qu’on ne devait pas être les seuls. Aujourd’hui on fait des interventions dans la ville, on propose des activités de sensibilisation, on est invités à des festivals de musique, on intervient dans les écoles... pour moi, le plus important c’est que cela passe par les enfants.


Le Collectif Solid’ere :

Facebook : Collectif Solid’ère
Instagram : collectif_solidere



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